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dimanche 29 octobre 2017

Nanna et Les Arcanes de la Saponification à Froid: Opus 2: "L'Alambiquette" réalise son Grand-Oeuvre


Après avoir expliqué mon cheminement vers la compréhension des principes de la saponification ici, voici la suite de mes«tri-bulles-ations» savonnesques et de mon passage de la théorie à la pratique. Comme je le précisais dans ma première partie, on est pas experte en réussissant une fois ou deux quelque chose dans sa vie; cet article non plus n'a pas la vocation d'être un tutoriel! Il fera juste office de petit compte rendu sans prétention de ce grand moment de sorcellerie.
Note: Comme ces savons étaient prévus pour les fêtes de fin d'année, je m'y suis prise en deux fois pour pouvoir en offrir à tout le monde. je fais une synthèse des deux "fournées"


I Mon choix: La Saponification à Froid

Comme on m'a posé pas mal de questions à ce propos, et vu que les termes peuvent prêter à confusion, voici un retour explicatif sur la méthode que j'ai choisi : Il s'agit bien de la Saponification à Froid, ou SaF pour les intimes.

On l'appelle ainsi parce que même s'il y a une réaction exothermique entre la soude et le liquide de dilution (ça chauffe super fort) la "pâte à savon" n'est soumise à aucun processus exterieur  de "cuisson" comme  pour la saponification à chaud "au chaudron",où la pâte est pour ainsi dire  cuite au bain-marie.
N
i mise en présence d'une source de chaleur  Comme on le fait dans le cas particulier du "safour" où, comme son nom l'indique, le savon est mis au four (à feu doux) pour accélérer le temps de séchage et donc de cure.

J'ai choisi cette méthode, a priori la plus populaire (en tout cas en France, il semblerait que ce soit différent Outre Atlantique) parce que  c'est celle qui me paraissait la plus simple, celle qui permettait les plus beaux résultats et surtout, plus douce pour la peau. Même s'il faut attendre plus longtemps avant de s'en servir

II"Note à benêt"concernant l'hygiène et la sécurité

 en fabrication de cosmétiques maison en général et en savonnerie en particulier

À tort, je ne m'attarde jamais assez là dessus sur ce blog, mais quand on fait des cosmétiques, il y a dans tous les cas, des règles évidentes d'hygiène et de sécurité à respecter. En effet, on manipule des produits parfois "dangereux".  De plus, ça permet  d'avoir un produit  plus sûre qui se conservera dans des conditions optimales.

🍃Les bonnes conduites de base en matière d’hygiène

Ça semble être une question de bon sens, et pourtant on pourrait avoir tendance à l'oublier dans le feu de l'action; mais il faut suivre des règles d'hygiène de base afin d'éviter la contamination bactérienne des produits confectionnés, sous peine de se retrouver avec des cultures dans les mixtures (oui ça me sera arrivé une fois).

On fait donc ça correctement et on a les mains propres Et mettre des gants c'est mieux (bien que pas pratique quand on a des petites mains comme moi)

Ensuite on nettoie TOUT son matériel et sa surface de travail; avant de tout désinfecter. Oui, on fait les deux sinon ça sert pas à grand chose. On peut le faire par ébullition pour les matières résistant aux fortes chaleurs ,soit avec de l'alcool pour ce qui est plus fragile.
Pendant que j'y pense, on débarasse sa table de tout ce qui ne sera pas utilisé. On éloigne les denrées alimentaires, et on évite de faire ça à coté de la baguette de pain comme cette fille vraiment pas scrupuleuse .
J'avoue que je suis pas fière de moi sur ce coup là.

Autre petit détail, auquel je ne pense pas toujours, à tort: il est préférable de protéger sa zone de
travail, avec des journaux, des vieux chiffons...parce que c'est pas ce qu'il y a de plus drôle de décoller par exemple de la cire de la cuisinière (ouioui ça sent le vécu).
Et aussi pour ménager les susceptibilités : Le démon constricteur a très mal pris le fait que je tache sa p***** de petite table moche Ikea pour la deuxième fois (la première c’était lors de notre crémaillère pendant que je cuisait des nems à sa demande avec ma maman pendant qu'il faisait le beau devant nos convives)



🍃De la prudence et de la sécurité

On ne le répète jamais assez:qui dit naturel ne veut pas dire pour autant inoffensif!Même pour d'autres sorcelleries plus simples on peut être amené à utiliser des substances irritantes comme les tensio actifs et/ou pulvérulentes (en poudre, qui irrite les voies respiratoires comme le Sidr)
Et ça se vérifie encore plus en savonnerie! Parce que là on manipule de la soude (parfois de la potasse),quand même, et la soude,c'est corrosif et quand on dit que ça brûle ce n'est pas une blague pour faire peur aux néophytes. Ça brûle pour de vrai, ça bouffe et désagrège les trucs dégueux coincés dans les canalisations, et on peut finir comme ça si on ne fait pas attention,(prépares toi,c'est violent, t'es prévenu(e)).
 Pour exemple, à un moment donné, j'ai eu quelques perles de soude qui se sont glissées
 dans ma manche (pourtant élastiquée) et ça m'a fait comme si j'avais mis le bras dans les orties.


Donc pour le coup, tu mets ta fierté de coté et tu t’équipes.
Et tu te consoles en te disant que si tu te couvres de ridicule, c'est pour ton bien.
Comme ça, à peu près:



"I'm too sexy for my caaaat!"




  • tu couvres ton corps et ta peau. Moi j'ai pris une blouse jetable sur mes fringues mais j'aurais été mieux dans une blouse en coton, même si j'avais encore le tablier par dessus.
  • Tu attaches tes cheveux et les couvres aussi parce que ça peut gicler et que t'as pas envie d'être chauve de cette façon. (j'ai pris une charlotte 
  • 3 pour les mêmes raisons tu mets des lunettes de protection
  • et un masque  même si les retours de souffle sont désagréables, mais pas un comme ça, à cartouches
  • Tu ne travailles pas sans gants! sur la photo, j'avais fini donc je ne porte  que ceux en nitrile, mais quand j'ai manipulé ma soude et fait mes mélanges, j'avais en plus des gants en caoutchouc.
  • 6  forcément on ne  travaille pas pieds nus, ni en chaussettes. Mes Docs devaient faire l'affaire.




 Et comme on aime nos Petits Fripons plus que tout (ou tout autre bête avec ou sans poil hein), on leur bloque l'accès à la pièce pour éviter une catastrophe. Et on ne cède pas aux couinements insistants et horripilants . 
Pour leur bien aussi.





Mais regardez le prendre ses airs de Chat-Potté malheureux pour nous attendrir!













Enfin, il faut choisir ses  ustensiles. Ils doivent  pouvoir résister à la causticité de la soude et à la chaleur. On évite les matériaux organiques comme le bois,  et le métal, sauf  inox. Pour ma part j'ai privilégié le verre et le silicone (sauf pour mes moules dragon)  et de la grosse porcelaine.

Voilà. Maintenant qu'on a  bien préparé sa recette ses produits et son matériel,  et sa tenue on se détend,on respire un grand coup. 
Et Allez Hop on y va!

III Nanna se jette à l'eau

Ouh lala! Inutile de dire que j'étais aussi impatiente  que tendue à l'idée de tout rater!

🍃Préparation de la lessive de soude

Comme expliqué dans mon précédent article, j'ai décidé de faire ma lessive  toute seule comme une grande, bien qu'on en trouve de la "toute prête" dans les magasins de bricolage.
La mienne est comme ça:


Fait curieux, ça me fait des plus grosses billes que celle du Collègue de Maman

Je n'ai pas de photos parce que j’étais très concentrée à être prudente : d'abord j'ai ouvert en grand la fenêtre d'à coté parce qu'il faut travailler dans un lieu aéré : les émanations de la soude sont toxiques. On évite de les renifler d'ailleurs. De toutes façons, ça pue.
D'autres part on suit scrupuleusement les dosage donnés sur les calculateurs (ou calculés manuellement quand on a la bosse des maths).
j'ai mis mes lunettes, mon masque et mes deux paires de gants, et préparé ma lessive.

En tout cas , quand on dit que la température monte, c'est pas des mensonges! Moi, je suis allée au delà de 80°!
C'etait impressionnant! Par chance je ne me suis rien renversé dessus. Ni ailleurs.
Du coup ça a tellement chauffé que j'ai dû attendre bien longtemps avant que ça ne refroidisse.Alors j'ai fait autre chose:


🍃La préparation des corps gras: 

Rien d'exceptionnel ici : c'est comme toutes les mixtures que j'ai pu préparer contenant une "phase huileuse" : on fait tout mijoter au bain marie pour bien liquéfier les beurres et les mélanger aux huiles (liquides).
Encore une fois on fait très attention de ne pas dans se tromper dans les doses
 et si ça arrive on recalcule sans paniquer (oui lors du deuxième lot, c'est ce qui est arrivé)  

Comme toutes mes phases huileuses, ça a cet aspect pas bien joli mais une odeur bien agréable!




Et comme je me suis retrouvée avec deux préparations chaudes, il a encore fallu attendre....




🍃Et quand la magie opéra...



Quand j'en ai eu marre d'attendre mes deux préparations sont redescendues à température ambiante (selon les conseils de Martin), vint le moment crucial de la saponification....

J'ai donc sorti un gros bocal stable et profond pour éviter les projections et  ma baguette magique, le mixer plongeant pas cher acheté exprès pour ce grand jour 3 ans auparavant, j'ai espéré très fort de ne pas échouer si près du but et...




Mais oui, la voilà ma "trace", ce moment décisif  où la soude réagit avec les huiles pour obtenir une pâte opaque et plus ou moins épaisse !Moi qui avait tellement peur que ça ne prenne pas, me voilà servie! c'est beau! 
Je ne  sais pas pourquoi, mais je croyais qu'il était plus sûre d'avoir une trace franche, alors j'ai un peu forcé, 
jusque à avoir une belle pâte à gâteau... Qui ne se mange pas même si elle est appétissante! (en même temps je me demande qui pourrait avoir une idée pareille)






Ensuite est venu le moment d'incorporer ma fragrance "neige fraîche" aux effluves de vanille et de menthe, dosée en fonction du poids total des huiles et selon le pourcentage recommandé sur sa fiche technique.
Comme le fournisseur ne l'a pas précisé, je ne savais pas si elle accélérerait la trace ou si elle modifierait la couleur de mes savons(comme ça arrive parfois). Alors j'ai fait au plus vite. 






Et c'est peu après que j'ai compris que j'avais peut être trop insisté avec le mixer:je ne sais pas si c’était bien dû à l'ajout de fragrance parce que quand je l'ai mélangé au reste je n'ai rien vu de remarquable.
Par contre quand j'en suis venue à couler ma pâte dans mes moules, elle s'est très vite épaissie, voire durcie : si pour les premiers ça allait encore, j'ai terminé avec une consistance mayonnaise qu'il a fallu finir à la truelle, enfin, la spatule. La qualité de l'image ici n'est pas terrible mais on le voit un peu:


Et puis comme il faut les laisser sécher et durcir au moins 48h avant de les démouler, j'ai couvert mes "bébés" de film plastique avant de les coucher sous une grande pièce de tissus épais, au calme dans le cellier.




et puis j'ai encore attendu...




IV l'Heure du Verdict


Comme convenu, j'ai patienté un peu plus de deux jours (en allant les voir régulièrement, des fois que le temps s’accélère) pour démouler , et ...

Les traces sur celui de gauche en bas sont des résidus de karité


Alors certes, ils ne sont pas parfaits mais pour une première, j'en suis très fière! Le rendu est beau, plutôt fin: on dirait des bas reliefs d’église!
En plus, j'ai eu une belle surprise qui n'est pas mise en valeur par la lumière de la lampe, ils sont bien plus clairs que je l'avais prévu : comme ils contenaient beaucoup d'huile d'olive, je m'attendais à des savons très jaunes et assez foncés, mais finalement non...

Je suis particulièrement satisfaite des savons coulés dans les moules en silicone; des dragons, semi rigides un peu moins: Je savais bien que je rencontrerais des difficultés pour les démouler mais je tenais vraiment à les utiliser





 
Les dommages étaient moindres pour le savon "Wouissecasse", coulé dans une boite de bonbons des chats, si on considère que j'ai pu me permettre de la mettre en pièce. (et me couper sur le plastique par la même occasion.)




















 






Pour les  dragons j'ai du attendre encore plus et j'ai essayé pas mal de choses : les passer au congélateur les secouer comme des pruniers mais non; les décoller à l'aide d'une lame fine,ça les abîmait encore plus...
En faitje sentais que  que ça voulait bien venir mais ça coinçait.

Et 
je pense que ça venait en partie de ma trace trop épaisse pour que ma pâte épouse correctement les parois sans trop adhérer non plus, parce que:


(Et ce n'est pas la photo qui serait de mauvaise qualité)
  •   après m'être acharnée dessus comme une dingue pendant des plombes la surface des dragons est restée collée au fond du moule.
  •  à force de le secouer dans tous les sens, quand enfin j'ai pu extraire le dernier, il a atterri, je vous le donne en 1000, direct dans la bassine d'eau à coté.  J’étais pas contente et il est devenu  encore plus moche, et ça m'a (encore plus) énervée
    ...
Voilà voilà.

 


Après,  pour mon deuxième lot,(parce que je me suis obstinée à les utiliser quand même)j'ai  bien veillé à ne pas forcer avec le mixer pour rester sur une trace plus fluide (un peu plus proche de la pâte à crêpes).

Mais  j'ai  aussi j'ai testé et approuvé une astuce proposée sur un groupe, qui consiste à retourner le moule et le passer sous un petit filet d'eau (très chaude) pour faire sortir le savon rebelle. Et effectivement , ça s'est bien mieux passé! (forcément quand on retient aussi sa chute, ça aide!) Et comme on peut le voir sur la photo,malgré les petits "pokes" du dessus, le résultat est autrement plus concluant : on voit plus
de détails, comme les écailles ou les naseaux :









Et comme dans toute cette folle aventure j'ai passé 80% de mon temps à attendre, j'ai encore impatienté deux mois avant de savoir ce qu'ils valaient à l'utilisation.
J'ai fait comme on m'a dit le fameux test de causticité avec la langue sur le savon: si ça fait comme un coup de jus (comme avec les piles, là) c'est fichu. Oui ça parait dégoûtant  mais tout le monde le fait.
Mes savons ont passé le test  haut la main. Pas moi: Personne n'a eu la bienveillance de me dire que c'est effectivement parfaitement dégueulasse : j'ai passé un petit moment à cracher et  me rincer la bouche, c'est vraiment immonde.

À l'utilisation,l'odeur est discrète et ne reste pas sur la peau; mais comme du vanille-menthe initial ils ont évolué vers l'amande (que j'apprécie moyennement), ce n'est  pas si gênant.

J'ai été en revanche très surprise par leur « texture »: s'ils ne sont pas trop mous au point se transformer sur la fin en entités gluantes type Alep , ils n'ont pas une durée de vie bien longue, mais ils semblent « souples » au toucher, presque élastiques et c'est très curieux...
En tout cas le résultat est dans sa globalité très satisfaisant!






V  Les mots de la fin





Je suis tellement contente d'avoir enfin pu réaliser un de mes rêves ! Même si ça pourrait être simplet aux yeux de certains... Après tout le bonheur n'est -il pas constitué de petit plaisir? Mais la satisfaction  est d'autant plus grande que l’expérience est une réussite, ni sans aucun dommage collatéral à déclarer...
Je ferai une offrande à la Déesse des Petites Victoires pour la remercier. À propos de remerciements j'en profite pour  passer en mode "Michel Drucker":





Je remercie pour commencer certaines personnes parmi ma famille et mes amis, en particulier Ma Maman , ma première suportrice  ainsi que mes deux cousines Léa et Murielle qui entretiennent ma "cosmétite" à grand renforts de cadeaux aussi utiles que beaux et de commandes fort sympathiques.
Et puis un schmoutz  Spécial à Rémi , toujours présent pour me soutenir  quoi qu'il arrive et pour jouer les Cobayes de bon cœur.

Son "Castille",100% olive (?)

Merci aussi à "
Cyrille" le gentil collègue de Maman Ogg que je ne connais pas personnellement, mais qui m'a encouragé par messages interposés avec elle et  m'a offert gracieusement un morceau d'un de ses propres safs et ma première quantité de soude. Et qui a au passage, un"safon" qui l'attend sagement chez nous.










Merci à mes copains de Fesse-book dont Martin, pour ses conversations aussi longues que passionnantes et ses conseils avisés. Sans toi je n'aurais peut être encore pas sauté le pas en ce jour!
Elle ne s'en rend pas encore compte, mais merci aussi à 
Silù et ses savons inspirants, comme tout ce qu'elle entreprend :Tes adorables « Biwils » et autres Castilles ont eux aussi contribué à me donner envie d'en faire à mon tour...avec un gros coup de cœur  pour « L'Idole maudite du Cap Lovecraft »

Un Coucou à tous ceux et celles, plus ou moins proches, qui suivent de près ou de loin mes aventures rocambolesques d'Apprentie Sorcières pour le meilleur comme pour le pire - parfois le rire -, et qui de temps en temps cèdent au pouvoir irrésistible de mes photos d'illustrations « putaclique » avec Baldur et Snowy, et mettent  un petit "j'aime bleu"ou un gentil commentaire; ça fait toujours plaisir!

Et puis il y a les personnes des groupes dédiés et les savonnières blogueuses, de métier ou amatrices qui ne le savent pas et grâce à qui j'ai tant appris.
Voici une  note bibliographique issue de mes cyber-compulsations. Elle rassemble mes références principales,celles qui m'ont le plus servi.  
Note: Elle n'est pas exhaustive: je ne mentionne que mes références
 principales (j'en ai certainement  omis d'autres pourtant dignes d’intérêt également)



J'ai savonné deux fois au total, exactement avec la même recette  et pour la même occasion.  c'est très peu! Et malgré  tout, je ne peux que confirmer un fait : oui les savonnières ont  raison,
c'est vraiment une activité addictive!
Je regrette vraiment de ne pas avoir eu l'occasion de m'y remettre....
Mais maintenant que j'ai percé le mystère de la Saponification à froid (et que je suis plus confiante vis a vis de moi)  je compte bien recommencer.... et m'améliorer .
..







Nanna et Les Arcanes de la Saponification à Froid: Opus 1: L'apprentie sorcière s'initie au Grand Mystère








Cet article et le suivant risquent d'être très longs mais sont particulièrement important pour  moi dans le sens où il représente l'aboutissement de 4 ans de cosmétique maison; parce que depuis2014 mon but "ultime"était de savoir fabriquer du savon.
Oui j'ai bien passé 4 ans au total  à fantasmer la saponification  puis à me documenter pour comprendre pleinement cette merveilleuse
(al)chimie. Souvent ce projet a  été avorté, parce qu'il a bien fallu composer avec le
s Aléas de la vie, dépasser mon manque de connaissances et surtout d'assurance...Mais comme on le sait ou pas,"ce que Nanna veut, Nanna l'aura, peu importe le temps que ça prendra":
Je connais le Secret de la Saponification à froid!
Et j'ai fabriqué mes premiers savons!
Dans cette première partie j'explique par quelles démarches je suis passée.






I Nanna apprend à freiner son  enthousiasme et à faire preuve d'humilité: 

Comme je l'explique ailleurs, il existe deux façons principales de "faire du savon": 
  • par la méthode "assemblage" avec de la base Melt&Pour, pâte à savon toute prête (qu'on peut enrichir, colorer et parfumer)
  • ou par saponification (à chaud ou froid), en réalisant sa propre pâte à partir d'huile et de soude.
Je ne critique en aucun cas le Melt & pour, grâce auquel  je me suis bien amusée, et réussi à faire des choses très satisfaisantes ,(ou moins); seulement mon tempérament fait que j'ai eu besoin et envie d'aller plus loin en  en créant un savon de A à Z.
Sauf que....




Voilà, ça c'est dit....

Sur les groupes dédiés, pour le néophyte le ton est vite donné : renseignes toi , étudie, lis, lis, lis encore, apprends, et surtout comprends avant de faire quoi que ce soit et pose des questions si tu n'as pas trouvé la  réponse au cours de tes recherches  avant de faire une grosse bêtise ou d’appeler à l'aide en panique une fois que c'est trop tard...

Sur le coup, je suis sentie vexée, même si  on ne me visais pas personnellement; Mais j'avais l'impression de me prendre des leçons par des personnes qui voulaient garder pour elles le monopole de la savonnerie et éviter  une certaine concurrence.

Et pourtant, 
elles n'avaient pas tort, au contraire : savonner, et bien c'est autrement plus complexe et dangereux que de faire ses petites tambouilles dans une bergerie (sisi) avec les copines; d'autant que  j’étais une quiche en sciences pendant ma scolarité ; je ne connaissais pour ainsi dire pas grand chose du processus de saponification (en théorie comme en pratique); ni des risques qui y sont liés.

II L'apprentie sorcière potasse (c'est un jeu de mots!)

Je me suis focalisée sur les publications de savonnières chevronnées (voir pro) sur FB, sur leurs blogs;  j'ai lu  et relu le dossier thématique D'Aromazone qui a le mérite d'être très accessible.  J'ai compulsé quelques rares livres que j'ai pu me procurer pas forcément très clairs d'ailleurs.


Ma référence privilégiée reste le site de Lilith (Charlie de son vrai nom), savonnière et formulatrice de métier, donc garante d'une réelle fiabilité, déjà, et celle qui a fait le meilleur compromis  entre la clarté des explication et l'exhaustivité à mes yeux.

Extrait de "L'examen de magie" des Rubriques à brac

de Gotlib. 
Ce type était hilarant!




Et comme je suis capable de me pourrir la vie juste parce que je n'ai pas compris les tenants et les aboutissants d'une chose, assimiler toutes ces informations (et pourvoir lesreformuler avec mes mots) m'a pris au moins autant de temps que la documentation pure et dure.

J'ai tout de même fini par saisir que pour résumer très vite ,la Saponification (à froid dans mon cas)est le processus chimique qui consiste à obtenir du savon et de la glycérine en mélangeant des corps gras (beurre/huiles végétaux ou d'origine animale) avec une base forte: de la potasse ou de la soude caustique (NaOH).Je préfère m'arrêter là , éviter les propos qui prêtent à confusion et invite les gens à se renseigner (comme je l'ai fait avant eux) sur une de ces pages  par exemple.

Ceci intégré, Il a fallu choisir des calculateurs et comprendre aussi leur fonctionnement.Je sais que pour certains, fabriquer un savon c'est un truc marrant qu'on va faire en reproduisant la recette d'un youtubeur/blogueur/ rédacteur/ copain plus ou moins populaire sans vérifier s'il est "bien renseigné"Oui mais NON


Sans vouloir faire ma Hermione Granger qui sait tout et fait ch..son monde
car 
elle a tout compris en lisant des livres et réussi une expérience dans sa vie.



C'est un avis personnel, mais  je crois que quand on entreprend quelque chose, c'est mieux de savoir ce qu'on fait et pourquoi, et comme je l'ai vu au fil de mes lectures, pour faire un savon, il y a des choses à prendre en compte comme :
  • le choix des huiles végétales, et leurs proportions, selon leurs propriétés (et pas seulement parce qu'on les a dans sa cuisine)
  • la quantité de soude en fonction de chaque huile utilisée, parce que chacune a un indice de saponification différent (càd la quantité en g de soude pour saponifier cette huile)
  • la concentration de la lessive de soude en fonction du savon qu'on veut obtenir (et de son temps de séchage/cure)
  • comment on sur-graisse un savon si on ne veut pas quelque chose de trop agressif et par quel moyen (réduction de soude ou "ajout à la trace".
    Et je résume.

DONC, je reviens à mes moutons, enfin, savons. Si on est un minimum impliqué et rigoureux, on a meilleur temps de (re)calculer la recette. Les matheux peuvent faire sans, mais prendre un calculateur conçu exprès, ça m'a considérablement aidé!Ça m'a permis de bien mieux comprendre et plus rapidement tous ces calculs à effectuer.
Même si j'ai quand même voulu essayer les faire par moi même à l'aide de la méthode donnée par Lilith parce que je suis une masochiste qui aime se faire mal au cerveau  pour être sûre de ne pas faire d'erreur parce que j'ai aussi des problèmes de confiance.

Comprendre comment les utiliser, et les maîtriser  ça aussi ça m'a pris du temps. J'en ai testé 5 en tout ; et comme j'ai une préférence pour Mendrulandia (en français) et Soapcalc, à la fois clairs et complets, j'ai gardé ceux ci.

III Nanna l'Apprentie Sorcière formule sa mixture

Dans la série "je me mets à peine la pression", Safer", représentait pour moi un aboutissement et je voulais faire quelque chose de vraiment bien avec des matières premières intéressantes, d'autant que Martin du Québec s'est jeté à l'eau plus vite que moi pour des résultats réellement bons. Après quelques autres soirées de réflexion et de réajustements, j'ai réussi a élaborer ceci:



Et comme on peut le remarquer, je suis pas sympa et j'ai volontairement effacé les quantités d'huiles que j'ai choisi et les pourcentages y correspondant; ainsi que les masses d'eau et de soude calculées, puisque :

  • 1 le but de cet article n'est pas de faire du "clé en mains", juste d'expliquer ma démarche
  • je ne suis pas une pro, ce n'est que mon 1ier essais et je n'ai pas envie que ça me retombe dessus si quelqu’un décide de me copier et que ça se passe mal parce que j'ai fait des erreurs.
  • 3 je suis une vilaine fille

🍃Mon choix d'huiles:

On est d'accord, on parle bien d'huiles végétales (ou animales pour ceux que ça dérange pas) hein!

Sélectionnées en fonction de leurs propriétés mais aussi de leur accessibilité et d'après les explications de Soapcadabra :
  • l'huile d'olive et le karité pour m'apporter de la dureté et de la douceur
  • l'huile de coco de la dureté aussi, de la mousse et un bon pouvoir lavant (pas plus de 30% sinon ça peut être "décapant") 
  • l'amande de la douceur mais aussi du "bullant"
  • le ricin augmenterait le pouvoir crémeux et moussant.
  • Je les ai dosé en tentant de respecter les proportions recommandées par mes différentes sources (excepté le karité,légèrement surdosé) tout en essayant d'avoir tous les résultats prévisionnels idéaux(en vert),bien que ce ne soit qu'un titre indicatif.

J'ai également tenté (toujours en fonction du dosage des huiles) d'avoir ces 2 indices au  plus proche des valeurs recommandées :

  • l indice d'iode ( ou iodine) permet de déterminer la dureté d'un savon mais aussi sa sensibilité à l'oxydation. Il vaut mieux viser un indice d'iode bas, inférieur à 60 pour éviter les risques de rancissement. Selon Mademoiselle Savonne et les infos trouvées sur les groupes FB,"idéalement inférieur à 55" d'après Bazoosavon
  •  L' INS : entre 126 à160  toujours selon le tuto Mendrulandia de Mademoiselle Savonne(160 idéalement). C'est un indice qui permet également d’évaluer la dureté et  douceur d'un savon mais aussi sa douceur : . D'autres sources augmentent la fourchette. Il faut éviter qu'il soit trop élevé (car trop dur et asséchant) ou trop bas (mou et moins efficace)

🍃Ma "base forte"
Comme je suis une folle, j'ai décidé de faire ma lessive de soude moi même, bien qu'on en trouve dans le commerce. Parce qu'elle permet de plus grandes manœuvres en matière de créativité. Ma recette est encore simple mais je préfère m’habituer à cette façon de faire dès le départ. Elle sera concentrée à 30%, valeur proche de celle du commerce et/ou recommandée (la concentration influe entre autres sur le temps de séchage du savon).
Sur Mendrulendia, le sur-graissage se fait par réduction de soude : le calculateur baisse la quantité de soude à utiliser en fonction du pourcentage de "surgras" que j'ai choisi.


Là aussi j' ai fait mes choix en essayant de faire un compromis entre les dosages d'usage mentionnés par mes sources et des indicateurs tous au vert  par peur d'obtenir un savon caustique (ça je le réserve au démon constricteur). Ceci dit ,je pense que j'aurais pu voir un peu plus large sur la concentration sans trop de désagréments. 
🍃Du "Parfumage " ( j'ai vérifié ça se dit bien mais bon sang  que c'est moche!)

Forcément, moi, si je fais un savon, c'est aussi pour jouer avec les parfums. On dit que les savons"nature" ont eux aussi une odeur agréable mais pour mon baptême du feu, je voulais me faire plaisir.

Certains comme Silù ou Martin préfèrent un savon le plus naturel possible, c'est tout à leur honneur mais à moins d'avoir des rudiments en parfumerie comme eux, il est assez difficile de sélectionner des huiles essentielles qui "tiendront" en saf.

Et moi j'ai en plus des chats que j'aime de tout mon cœur et je ne veux pas leur faire de mal en leur faisant inhaler des substances nocives et les faire mourir dans d'atroces souffrances : les chats ont un organisme qui assimile très mal les huiles essentielles.  

Donc j'ai opté pour les fragrances de synthèse, plus adaptées à la savonnerie. Comme mes savons étaient prévus pour Noël je voulais quelque chose d'hivernal. J'ai  choisi "Neige Fraîched'Aromat'easy, au parfum vanille-menthe. Le dosage est simple, c'est le pourcentage indiqué sur la fiche technique du produit et se calcule sur le poids total des huiles.
Une fois tout ce travail préparatoire accompli, il ne restait plus qu'à se jeter à l'eau et de fabriquer mes tout premiers "safons".

Ce fut aussi long et laborieux que la rédaction et la lecture de ce récit. J'en suis désolée,mais le suivant, le sera encore plus : l'improbable éventuel et courageux lecteur y trouvera la suite de mes aventures "safonesques"et pourra savoir si l’expérience était concluante ou s'il y a eu des conséquences fâcheuses...