Encore un article qui me tient à cœur, comme souvent quand j'y parle de "safons". Mais celui ci est très particulier parce que c'est un projet que j'avais en tête depuis très longtemps et que j'ai réalisé à une période difficile : je suis en formation pour devenir designer web, on attendait de moi que j'apprenne ce qu'un Bts apprend en 2ans et pour être honnête le niveau est trop élevé pour moi , ce qui fait de moi une erreur de casting, situation particulièrement pénible à vivre.
Manque de temps et d'énergie, j'ai été incapable de réaliser quoi que ce soit depuis l'entrée en formation , ni même de rattraper le retard cumulé sur ce blog.
Mais à l'approche des fêtes de fin d'année j'ai senti un besoin de plus en plus impérieux, une terrible pulsion même, de refaire du savon , et de mettre en application le projet a priori totalement incongru de réaliser un savon .... En l'honneur de mon Chachat d'Amour, le beau et doux Baldur!
Pour commencer , une petite devinette rigolote : quel est le point commun entre ces deux images?
La question parait tout aussi incongrue que l'idée de faire un savon à l'effigie de son chat, bien que soit dit en passant je ne suis pas la seule à l'avoir eue.
La réponse est que c'est l'une des spécificités de mon Chabricoton, et plus précisément la technique de marbrage que j'ai testé : je nomme le CORNICHIPS!
Pour Mon Chabricoton , inspiré de Baldur , je voulais tester un nouveau marbrage qui ne soit pas trop difficile cette fois, et qui risquait moins de rater que la goutte de Lune de Sans Valentin. Et puis pour mon Baldur de Noel, j'avais envie d'un savon en rondeurs.
Comme je le répète tout le temps, manipuler de la soude est risqué donc je prends peu de photos pendant la fabrication et fait encore moins de vidéos. Cependant je trouve que celle de la Québécoise Marie Mousse (dont j'adore la chaîne Youtube) explique très bien et simplement la chose, même si son résultat n'est pas aussi concluant qu'elle le voulait...
J'ai eu donc le prétexte béton pour
Voici la formulation (tronquée, je n'en démord pas) du chabricoton;
J'ai essayé, autant que faire se peut de limiter au maximum les beurres végétaux, et les huiles qui "tracent" vite, tout en veillant à ne pas avoir un indice d'iode trop élevé pour éviter le rancissement, le tout pour obtenir un savon tout doux.
J'ai plutôt bien travaillé puisque tous mes voyants sont au vert et qu'il a l'iodine la plus faible de tous mes safons :
Bien évidement, pour mon Chachat à l'Abricot, ma fleur de coton du Kerala que j'appelle entre autres comme ça en raison de sa couleur et parce que ses pattounes me font penser à des fleurs de coton, (oui Baldur a de très nombreux surnoms), j'ai mis ... le maximum d'huile de noyaux.... d'abricots (quelle logique implacable!) J'ai eu envie également un moment d'utiliser aussi de l'huile de coton mais la production de cette huile ayant mauvaise réputation, et n'ayant pas réussi à trouver assez d'infos sur ses propriétés, j'ai renoncé.
Toujours en raison de ces surnoms j'ai choisi les fragrances .... roulement de .... tambour, "Nectar d'Abricot" et "Fleur de coton" de chez Terres de Bougies. J'ai fait le choix de ce petit mix d'après les conseils de Sœur, parce que je craignais que l'abricot seul soit un peu écœurant. C'était un bon choix, mais j'y reviendrai!
Comme on était l'avant veille de Noël, on avait Soeur et Zhen à la maison et pour éviter de les incommoder avec les fragrances (et le reste), j'ai commencé en début d'après midi en leur absence. Maman Ogg était toujours présente. Pour des raisons de sécurité, je préfère ne pas être seule à la maison pour savonner.
J'ai donc commencé a préparer mon mélange d'huiles et de beurre et ma lessive de soude en parallèle. J'ignore si cela venait de la température propre à la saison mais si la temperature est montée très haut, 100° et au delà, elle est également redescendue assez vite :
Je n'ai eu donc pas eu a attendre bien longtemps avant de passer aux choses sérieuses. Pour éviter de marbrer dans la panique comme ça a été le cas avec Sans Valentin, j'ai préparé mes pigments à l'avance : j'avais choisi un mica "Orange Sequin", un oxyde rouge qui au passage s'est répandu dans mon colis et de l’empâtage blanc (du dioxyde de titane dans de l'huile de ricin)
J'ai également préparé mon dispositif à cornichips
bricolé avec plus ou moins de bonheur, comme on a pas trouvé de ficelle assez solide à ce moment là, on a utilisé ... oui un fil électrique
Toujours par raison de sécurité et pour éviter un échec , je n'ai pas non plus pris de photo de la saponification à son commencement ni de l'étape du marbrage : je voulais être certaine qu'elle soit bien présente mais que ma pate ne soit pas épaisse au point de devoir y aller à la truelle. En vrai, j'était pas loin du mayo/sauce burger tant au niveau de la consistance que des couleurs et ça me paraissait déjà compromis au moment ou j'ai remonté mon épuisette à cornichons au travers du moule à Tchips.
Et quand j'ai fini ça, j'ai fait un truc que je n'ai jamais fait avant : Je l'ai mis au four! Et bien oui car une autre spécificité du chabricoton, c'est que c'est un SAFOUR : c'est un savon préparé comme un savon saponifié à froid, mais au lieu de le laisser reposer 48à 72h, on le met directement au four chauffé a 50° C pendant 3h (2 pour des petits moules) avant de le laisser refroidir la nuit. On fait ça essentiellement pour réduire le temps de cure et l'utiliser plus vite
Alors moi j'ai arrêté au bout de deux heures... Ca sentait plutôt bon mais .... le dessus du savon a commencé à cuire et ça commencé a ressembler à une pancetta, et pour un savon ça fait un peu dégueulasse... voila voilà....
Décidément, c'était bien mal barré comme aurait dit mon père... Du coup j'ai attendu un peu plus longtemps avant de défaire la boite à tchips.
Et selon toute évidence j'ai quand même pas attendu assez longtemps parce que oh boulette il était encore un peu collé aux parois et du coup la surface n’était pas bien lisse .... Mais voilà l'engin :
C'est dommage la photo ne permet pas de s'en rendre compte mais en fait il est assez imposant ,comme... enfin bref. C'est massif et lourd. Et ça, vraiment, j'adore!
Il a quelques bulles d'air aussi à la surface mais c'est qu'un petit défaut esthétique. Bon encore une fois pour le rendu couleur c'est carrément pas ça : j'ai eu beaucoup de mal à utiliser l’empâtage blanc qui ne s'est pas bien dissout et mes couleurs n'on pas le roux Baldurien espéré....
Par contre il n'est pas caustique et il a une de ces odeurs ! Incroyable: j'ai réussi à faire un savon entre le petit suisse à l'abricot, le vin mousseux, avec la même arrière odeur que les savons verts avec "Oliver" marqué dessus que Maman Ogg a pu acheter quand j'étais petite . C'est en fait difficile à décrire et pour se faire une idée, il faut vraiment le sentir!
Comme ma pâte était bien épaisse et comme j'avais des bulles en surface, je ne m'attendais pas a des miracles .
Je me suis trompée, je m'attendais à tout sauf à ça :
Alors c'est vrai, les couleurs ne sont pas celles que je voulais, en plus encore une fois, j'ai été mauvaise en découpe, aucun n'est droit : mais finalement je suis satisfaite : vu la bouillie que c’était devenu, je m'attendais au pire, pas à voir des "presque rosaces" avec ... ben ouais, sur certains on voit bien une croix apparaître : c'est l'impression en négatif du truc à cornichon qui a donné ça.
Comme quoi, finalement, l'idée qu'une trace fine soit nécessaire au marbrage ne s'applique pas forcément au cas du cornichips : mes motifs les plus nets apparaissent dans les zones ou la pâte était la plus ferme.
Et bah je suis bien contente!
Par contre, je n'ai pas trop aimé l'experimentation du safour, peu concluante chez moi, et qui soyons honnêtes enlève un peu de suspens au jeu... J'avais essayé parce que je pensais que ça me permettrait de les offrir plus tôt, et par sens de l'experimentation, mais ça ne m'a pas satisfait. Et comme je me suis un peu loupée à ce moment, j'ai préféré les faire curer quand même.
A l'utilisation et bien il est pas mal du tout! J'ai veillé à faire des tranches plus épaisses que pour Sans-Valentin, histoire que ça dure un peu plus longtemps. Il mousse peu, moins que le Sans valentin précédemment cité mais il est aussi crémeux.
De toutes façons, contrairement aux impressions, une mousse abondante n'est pas une preuve de douceur : c'est juste une question de confort et d'habitude (et de psychologie)
Mais ce que j'aime surtout chez lui c'est son parfum, qui reste quand même sur la peau. J'en suis folle !
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Oups, j'ai un peu bougé ... |
Comme il me paraissait un peu "tout nu" et esseulé, j'ai décidé de le présenter avec une petite mise en beauté et des chantilly de douche individuelles qui seront le sujet de l'article qui suit.
Je n'étais pas du tout certaine de mon coup après le passage au four comme je l'explique plus haut, le haut avait cuit mais