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jeudi 2 août 2018

Savons Cocolives à la lavande chapelottie*


Pour une raison dont je ne me rappelle plus exactement, j'avais décidé d'être généreuse pour mes 35 ans, de faire les choses à l'envers et d'offrir mes deuxièmes savons  saponifiés (à froid) en  cadeau pour mon anniversaire.
Une expérimentation  qui a encore pris des tournures inattendues à plusieurs reprises mais dont je suis au final très contente.





Si au départ je n'avais pas d'idée bien précise de ce que j'allais faire. J'ai vite trouvé.
Alors que j'étais en visite chez ma Tata Nelly et son compagnon Jacky, je leur ai demandé s'ils pouvaient me donner quelques brins de lavande de leur jardin qui sent très bon, pour pouvoir préparer et déguster le fameux "lait de Banthas" dont je parle iciJe ne pensais pas me retrouver avec un gros bouquet parfumé !
On peut dire que je dois la naissance et la réussite de ces jolis savons à la main verte et la générosité de Tata Nelly et Jacky.





Voyons...1l d'huile de coco, 3 d'olive, 50ml de lavande,
 une bolée de fleur de lavande... J'espère que j'aurai assez!
Avec autant de lavande, j'ai vite trouvé une belle idée : j'avais envie de simplicité et de naturel pour mes "safons" d'anniversaire, alors j'ai opté pour  des "Biwils" (ou bihuiles), petit nom affectueux parfois donné aux savons composés de seulement deux huiles; toujours par envie d'authenticité et d' une note de raffinement, j'ai décidé de les parfumer aux huiles essentielles de lavandin ou lavande vraie (selon les lots), et d'y ajouter les fleurs de lavande  séchées pour lui donner un léger effet exfoliant. J'ai également voulu franchir une nouvelle étape en ajoutant de la couleur grâce à l'ultramarine. À savon simple, formulation simple, mes cocolives sont composés de 75% d'huile d'olive pour 25% de coco, sur-graissés a 10%, ma lessive de soude concentrée à 35%. Je n'en dit pas plus. J'ai volontairement choisi un sur-graissage élevé pour compenser le coté un peu décapant de la coco.



1ier essais  pas gagnant : le batch bleu

J'ai dû patienter un peu avant de pouvoir commencer mes savons, par un bel après midi de juillet particulièrement chaud, vu que je reprenais le travail cette semaine là. Je m'en souviens bien parce que je me rappelle en être venue à plonger mon récipient de lessive de soude dans un bol de glaçons pour faire baisser la température et pouvoir savonner dans l'après midi! (Et aussi parce qu'il y avait un concert à la maison de retraite d'à coté.)
Du coup ouais j'ai vraiment eu chaud avec mes manches longues pour me protéger! Mais c'était pourtant le mini minimum nécessaire.


Je n'ai rien de particulier à signaler sinon qu'encore une fois en raison de la chaleur j'ai fait mon premier "batch" ( j'utiliserai régulièrement ce terme qui se traduit au mieux par "lot"), j'ai préparé mon mélange d'huile et ma lessive de soude à partir d'hydroxyde de sodium en perles comme la première fois, le matin afin que le tout redescende a une température modérée.
J'ignore si ça venait  uniquement de la grande proportion d'huile d'olive qui a la réputation de réagir lentement avec la soude ou si la chaleur ambiante a aussi joué, mais j'ai dû mixer ma pâte bien plus longtemps que pour mes tout premiers safons.
Quand j'ai eu ma trace, ce fameux moment où la  préparation s'opacifie, s'épaissit et qui indique que le processus de saponification débute, j'ai ajouté mon huile essentielle sans rien remarquer spécifique.




Ensuite j'ai voulu rajouter ma couleur. Comme annoncé plus haut, j'avais décidé d'utiliser de "l'ultramarine", cet oxyde bleu particulièrement soutenu que Papa Ogg qualifierait de "bleu- roi". Je pensais que si je l'utilisais avec modération,mélangé avec un peu de mica fushia, ma pâte prendrait une teinte violacée comme les vraies fleurs de lavande.









Et bien j'ai eu une belle frayeur parce qu'elle 
est devenue ...VERTE!  Oui, toute verte, comme l'herbe des champs au printemps! Je n'ai pas de photo à montrer, j'étais trop occupée à rattraper le truc en rajoutant du pigment mais j'ai vite arrêté  quand je me suis rendue compte que mon mélange virait au "gris parpaing" : lorsque j'ai montré des photos de mes savons fraîchement coulés, tout le monde a ri et on m'a demandé si je me lançais dans la maçonnerie... Et l'effet "mortier" est accentué par l'ajout des fleurs de lavande grossièrement broyées que j'ai rajouter avant de mouler.








Et mon indécrottable manque d'assurance m'a encore joué des tours! Le test réalisé à partir de bandelettes m'indiquait 
un ph élevé mais encore acceptable (10-10.5); mais à la langue ça picotait, un peu comme l'eau gazeuse, alors j'ai préféré les mettre de coté pour peut être les relarguer (les refondre dans de l'eau salée pour en faire ne sorte de tensio-actif, en résumant très grossièrement) et décidé d'en refaire d'autres, par sécurité.




Second essais gagnant coca-cola : le batch "sable"

Je m'y suis remise  le lendemain, dans la chaleur et la bonne humeur. Pas de chance, j'avais vidé Ultramarine dans le batch de la veille. J'ai tenté le coup avec du colorant alimentaire bleu, j'avais lu qu'il arrivait parfois que le rendu soit intéressant. malgré la causticité de la soude.
 
Chez moi, l'expérience n'est pas concluante hein... Avec le temps, ils ont foncé. On dira qu'ils ont la couleur du sable humide ou du pain aux céréales. Cette fois j'ai assez 
travaillé ma pâte pour être sûre d'avoir une trace plus franche. J'ai aussi attendu plus longtemps avant de les  démouler. 



On le voit mal en photo, mais j'ai même pu constater une phase de gel, phénomène a priori courant dû à une très forte montée de température, qui rend un savon plus sombre et plus translucide à partir du centre, parfois dans tout le savon. C'est la garantie d'une saponification réussie mais je trouve ce rendu cireux peu esthétique . 
Bon, sur savons unicolores comme ceux-ci, l'effet n'est pas si laid.


3ième
essais gagnant : le batch re-bleu
 

Et comme je suis du genre tête de mule, je n'ai pas voulu rester sur un échec, même partiel et voulu retenter (et réussir) des savons colorés.
Non ce n'est pas une excuse bidon pour faire du savon. De toutes façons je n'en avais pas assez à offrir, il fallait en refaire. Suis-je crédible ^^?
Je m'y suis donc remise environ un mois plus tard, le temps d'attendre une nouvelle commande de matière premières (dont le fameux pigment), et parce que mon travail prenait beaucoup de mon temps (et de mon énergie). Cette fois je n'avais plus d'huile essentielle de lavande alors j'ai pris du lavandin, un peu moins cher.
Et bien finalement, même si ça m'a valu un investissement financier supplémentaire, j'ai bien fait de persévérer! 

J'ai réussi à obtenir de beaux savons presque exactement comme je les voulais, d'un beau bleu-gris, légèrement violacé. (la photo  a un rendu plus sombre.)  


Comme je n'arrête pas de le répéter, il a fait particulièrement chaud cet été.  Alors pour les préserver  (et dans le secret l'espoir de les faire sécher plus vite) j'ai mis en place cet ingénieux dispositif  installé dans la chambre de Sœur :
  
Il s'agit ni plus ni moins du ventilateur offert par mon ancien voisin Gilles  à notre départ de la Mulatière,
mis en route devant mes safons entreposés dans des cageots

Une fois séchés, il me restait plus qu'à laisser chacun choisir son savon préféré.  Cette fois aussi, je les ai présentés dans des pochons, mais en coton (il s'agit en fait de sachets à bouquet garni réutilisables) fermés d'un cordon de laine empruntée à Maman Ogg.
On ne le voit pas sur la photo mais ils étaient aussi emballés sans une  sorte de papier-tissus mauve.


                      

Résultat / Impressions :

Et bien nous nous sommes retrouvés avec une belle cargaison de savons qui ont agréablement parfumé toute la maison!
J'ai perdu en matières et en argent (un peu pas mal quand même) p
arce que je m'y suis pris en plusieurs fois, croyant bêtement  que les premiers étaient ratés alors que finalement, c’était même pas le cas, tout ça parce que je n'ai  toujours pas assez confiance en moi!
Bon au moins avec ces contretemps, j'en avais assez pour satisfaire tout ceux qui m'en avaient demandé, et finalement à la maison on en a pas  utilisé tant que ça puisque j'en ai beaucoup distribué.


À l'usage, et bien  ils sentent bon,  ils grattouillent juste comme il faut, grâce aux fleurs de lavande exfoliantes. Les bleus  laissent un léger dépôt dans le fond de la douche qui toutefois ne tache pas.
Ils fondent hélas très vite, mais c'est le propre des savons saponifiés à froid, surtout quand ils contiennent beaucoup d'huile d'olive.

Je ne les recommanderais cependant pas aux personnes ayant une peau sensible sans application de crème après, parce que j'ai quand même bien remarqué l'effet asséchant de la coco sur moi ; mais personne d'autre ne m'a signalé ce désagrément, et je n'ai eu que des retours positifs.  
Maman Ogg et moi avons beaucoup aimé ces savons, pour leur odeur surtout, fraîche , et estivale qui rappelle le temps des vacances. 


Bonus de fin d'article : un bref aperçu  de "l'atelier démoulage" improvisé lors de la venue de ma fameuse cousine et marraine Murielle et mon petit cousin julien (à la camera).




*Chapellotti/chapelottie : Originaire de Lachapelle sous Chaux, où vit Tata Nelly et Jacky.